Alain Grand – dessins
Le dessin dans l'œuvre
Le dessin en contrepoint à l’abstraction
Dans son Journal, Alain Grand explique comment il s’est progressivement détaché de la figuration pour passer à l’abstraction pure: il trouve à cette dernière une puissance de suggestion immédiate, mais aussi la capacité de traduire fidèlement ses expériences émotionnelles: «Pourquoi la peinture? Parce qu’elle n’est que moi-même.»
Cependant, au long de ses années les plus créatrices, il n’a cessé de dessiner, dans tous les formats possibles et sur tous les supports imaginables. Dans certaines pages manuscrites de son Journal, dessins et textes sont inextricablement mêlés, comme s’il n’avait pas pu choisir entre le mot et l’image, comme si le premier ne pouvait se passer de la seconde. Ces dessins peuvent être oniriques, grotesques, ironiques, souriants; leur classement thématique est plus facile que pour la peinture, malgré quelques exceptions que nous avons justement rangées sous la rubrique «inclassables». On pourra naviguer dans ces différentes catégories avec le sous-menu de gauche.
Le rêve, la caricature… et le talent
Mais quelle place accorder au dessin dans cette œuvre ? Alain Grand lui-même n’en parle quasiment pas dans son Journal. Etait-ce une activité purement cathartique, une façon de se défaire, en les jetant sur le papier, de quelques images ou idées qui le poursuivaient ? Ou, au contraire, faut-il voir dans certaines récurrences – comme les lutins et les gnomes, souvent représentés – l’indice que le dessin était pour lui une manière de dire aussi bien qu’avec des mots des choses importantes et personnelles sur sa vie ?
On laissera le visiteur trancher. Il reste que ces dessins révèlent un coup de crayon virtuose et une imagination qui fait pendant aux passages du Journal dans lesquels le rêve éveillé et l’écriture automatique remplacent la chronique des jours. Le trait peut aussi se faire caricature comme dans la série des personnages filiformes tour à tour surpris, décidés ou paumés, saisis dans une renversante justesse d’attitude.
Ce qui est certain, c’est que si Alain Grand a privilégié l’abstraction dans sa peinture, ce n’était pas faute de dispositions pour la représentation figurée.