Alain Grand – Témoignages

l'éclat de l'énergie

  • Alain Gilliéron, Galerie L’Estrée à Ropraz, non daté

    Créer, c’est s’apercevoir que tout ce qui nous entoure, de la plus petite brindille d’herbe sur laquelle nous marchons au plus vaste ciel étoilé, est habité.

    Dans des formats gigantesques sur papier, Alain Grand a créé avec une frénésie incroyable. Dans un garage, sous les toits, sans aucune contrainte ni de la place disponible, ni du format utilisé, il étendait  son support sur le plancher de son atelier et ainsi se trouvait à l’intérieur de la surface à peindre. Alain Grand peint une histoire comme certains moines, en roulant au fur et à mesure ce qui deviendra une œuvre, sans en percevoir réellement la finalité.

    Peindre des mots, écrire des couleurs, dire par son engagement pictural et poétique d’où nous venons, quelles sont nos racines, le monde qui nous entoure, ce monde des exclus pour lequel Alain Grand se sent solidaire et lance ce « Serait-il possible que l’on m’écoute ? Voilà le cri qui ronge l’âme du monde. »

    Que ces œuvres transmettent à qui les regarde le manifeste d’Alain.

  • Jean-François Favre, peintre à Colombier, non daté

    Cette rencontre avec l’œuvre d’Alain m’a secoué.

    Le vertige, soudain, a été déclenché par l’extraordinaire démesure que représente la production de ces 50 œuvres de qualité, apparues en si peu de temps.

    Il y a dans celles-ci tant de détails fins, tant de subtilités dans les passages d’une teinte à une autre teinte, et tant d’homogénéité dans chacune de ces pièces, que cela demande une grande maîtrise… difficile à imaginer comme acquise dès le début.

    Alain, me semble-t-il, a recouru à une technique proche de celle que certains aquarellistes mettent en œuvre : celle du papier mouillé – du travail dans l’humide. Technique où on intervient en apposant ponctuellement une touche de couleur et en laissant l’eau – ou autre liquide – véhiculer cette couleur librement et créer des formes « comme naturellement ».

    Sans doute Alain travaillait-il par couches successives, cela lui permettant, sur un donné, d’ajouter les accents nécessaires à la « prise » de l’œuvre et à son achèvement concluant.

    Je trouve encore et toujours surprenant le savoir-faire dont Alain a fait preuve en menant tous ces travaux, d’une diversité certaine, jusqu’à leur plein achèvement. Je ne cesse donc ni d’admirer, ni d’estimer.

    Il me paraît aussi que si Alain a découvert des peintres comme Matthieu, Pollock, Schneider ou d’autres gestuels, il s’en est inspiré peut-être au départ, mais s’en est distancé en œuvrant grâce à sa forte personnalité. On ne se sent en tout cas pas gêné par des références.

    Les peintures prouvent sa grande disponibilité à l’autre et à son environnement en même temps que son remarquable pouvoir d’expression personnelle.

    Dans le fond… j’imagine Alain accueillant tout – le meilleur et le pire – et généreux de tout le meilleur de lui-même.

    Enfin, il faut éviter dorénavant d’utiliser à son sujet le terme d’art brut. C’est, à plus d’un égard, une fausse piste.

    Les termes qui me semblent le mieux convenir sont : « expression créatrice » ou « création expressive ».

  • René Berger, non daté

    Il est des êtres auxquels il est donné de mûrir au fil des années; il en  est d’autres auxquels seuls est donné l’éclat de l’instant. Alain Grand appartient à la fulgurance de ceux-ci. La foudre qui le terrasse met brusquement au jour la formidable énergie qu’il accumulait.

    Quelques années, à peine un lustre, pour qu’explosent peintures, dessins, textes, musique, dans une course échevelée, comme si le temps était compté – il l’était – et, obscurément, il le savait. L’impatience créatrice pour que la mort échappe au néant. Passerelle, la mort conduit à la lumière pressentie et, les œuvres aidant, au rayonnement accompli. Pour lui, pour nous.

    Car c’est bien l’éclat de son énergie qu’il nous est donné aujourd’hui de voir, d’entendre, formes, couleurs, écritures, paroles conjuguées.

    « Aimer la vie

    Pour toute sa splendeur !

    Être vide

    Pour remplir l’espace »

    Ainsi parle la foudre par la bouche d’Alain Grand qui déchire l’absurde pour le transformer en plénitude. 

  • Karen Brandt-dit-Grieurin, non daté

    Il naît de ce temps

    Ce souvenir omniprésent où l’on jouait non pour de semblant

    A sentir d’où venait le vent

    Comme deux héros sans précédent, sans or, ni argent

    Et puis, il s’est langui, s’est évanoui.

    Heureux comme cul béni,

    De n’avoir été jamais le sous-fifre des blancs-becs et des faux-nez,

    Le bouffon des hautes cours ;

    Mais plutôt ce coq des basses-cours,

    Meneurs d’idées libres et de discours.

    Comme un vague à l’âme,

    Il vague à bonde

    Tenant au creux de ses mains une jeunesse sans déclin. 

  • Georges Haldas, non daté

    Alain disait :  « mourir est une chose aussi douce que de vivre », et criait fortement « rien de me rattache à une quelconque envie de vivre ». Mais il écrivait aussi « je renaîtrai dans une autre sphère ». Il sentait qu’il allait vers un royaume, vers l’invisible. Ce n’est pas un accident, mais un événement du destin, il a rejoint cet ailleurs qui était déjà en lui quand il peignait et écrivait et c’est cela qui résonne dans ses œuvres.

  • Alexandre Rod, livre d’or de l’exposition de 1997 à Ropraz

    Alain est entré dans mon bureau, bardé d’épingles, de cuir, de clous… les cheveux colorés. J’avais une cravate, un veston. Je lui ai dit : « A chacun son uniforme. »

    Il a eu son grand sourire… on est devenus amis.

  • René Berger, Livre d’Or de l’exposition de 1997 à Ropraz

    Alain et Jacques Edouard habitent, non pas un autre monde, mais celui que nous partageons avec eux.

  • Jean-Philippe Rapp, Livre d’or de l’exposition de 2001 à Vevey

    Etats d’urgence, quelle rencontre, quel cri, quelle trace.

    Tellement vivant dans cet espace tout juste assez grand.